Mercredi dernier, j’ai assisté à un séminaire à Reykjavik qui était plutôt captivant, consacré à l’avenir dans le travail. La fameuse question du temps de travail a naturellement été au coeur de nombreux débats. Si les participants ont eu droit aux poncifs habituels dans cette sorte de question, une intervention en particulier m’a paru plus fascinante que les autres, car elle remettait les choses en perspective et fournissait une vision globale. L’intervenant y montrait comment nous allions travailler de moins en moins pour gagner de plus en plus. Et ce n’était pas même une rêverie, puisque ce processus est déjà à l’oeuvre. Depuis l’heure. Les nombreuses innovations qui ont vu le jour au cours de la révolution industrielle nous ont en effet offert la possibilité d’accroître la richesse globale, de vivre dans de meilleurs conditions, non seulement avec une meilleure espérance de vie et en meilleure forme. La profession à notre époque demande moins de temps et menace moins notre santé qu’auparavant. Remettons les choses en perspectives : nous profitons à présent d’une santé, d’une espérance de vie et d’un niveau de vie dont ne pouvaient même pas rêver les empereurs n’auraient pu rêver il y a trois siècles ! Le scénario-catastrophe selon lequel à l’avenir, nous devrons tous travailler jusqu’à 90 ans n’a donc aucun sens. C’est le contraire qui va se réaliser. La recherche scientifique accroît la productivité de l’humain et lui permet de travailler de moins en moins longtemps et dans de meilleures conditions, tout en gagnant en valeur ajoutée. En Occident, le temps où la moitié de la population était active dans le secteur de l’agriculture est depuis longtemps fini. Grâce aux engins agricoles, à des semences améliorées, aux modifications génétiques et aux techniques d’agriculture plus évoluées. Au cours des deux derniers siècles, nous avons avant tout consacré l’augmentation collective de l’espérance de vie et de la richesse à toujours plus de temps libre. Le fait que nous devons aujourd’hui à nouveau travailler plus longtemps n’est qu’un problème provisoire. Nous avons seulement pris de l’avance sur de la richesse que nous n’avions pas encore bâtis. Mais l’évaluation la plus réaliste relative à l’avenir permet de bien entrevoir toujours plus de richesse, moins de travail et toujours plus de temps libre. Ce séminaire a été une bonne bouffée d’air frais, bienvenue face au catastrophisme qui règne à l’heure actuelle.